LE PRIX
Le Prix
Cyril Gély
10 décembre 1946, à Stockholm : Otto Hahn, grand chimiste allemand, s’apprête à recevoir le Prix Nobel de chimie pour sa découverte de la fission nucléaire, quand survient Lise Meitner. Cette physicienne autrichienne a partagé ses recherches pendant plus de trente ans jusqu’à ce que les événements politiques l’obligent à fuir l’Allemagne en 1938. Que vient-elle faire ce jour-là ? Que veut-elle ?
Un face-à-face révélateur…
Ce face-à-face captivant est basé sur une histoire réelle qui aborde une multitude de sujets à travers le vécu, voire l’affrontement de deux personnalités, dont les destins ont pris des chemins différents.
La pièce restitue toute une époque chargée d’événements marquants. Elle l’explore non seulement du point de vue des faits historiques, mais également du point de vue du ressenti de deux êtres inégalement traités par la politique et la société, deux êtres dont la vie a été bouleversée par l’Histoire, la guerre, les enjeux mondiaux.
À travers leur parcours, la pièce explore aussi la reconnaissance, le souvenir, les relations homme-femme, la compétition scientifique, les dilemmes moraux et les conséquences de certains choix fondamentaux.
Mais tout n’est pas noir ou blanc dans ce règlement de comptes, car chacun a sa vérité, et la pièce maintient une intensité passionnante dans ce cheminement de l’un vers l’autre ou de l’un contre l’autre.
… historique et pourtant actuel…
Ce duel ardent et émouvant prend une résonance particulière au moment où, à notre époque, se manifeste une volonté de restituer à certaines femmes la place dont le conformisme social les a spoliées au profit des hommes. Des articles sont modifiés dans des encyclopédies, des noms de femmes viennent rebaptiser des rues, mais comment les oubliées de l’Histoire ont-elles vécu leur effacement ? Et de façon générale, comment vivre l’injustice qu’on a subie ? Comment gérer l’injustice qu’on a fait subir ? La pièce explore ainsi la prise de conscience, le sens du devoir et les dynamiques délicates entre hommes et femmes.
… et terriblement humain !…
Car, au-delà du contexte historique, social et scientifique de la situation, il s’agit du vécu intime de deux êtres qui ont partagé trente années de complicité et de travail. L’évocation du « bon vieux temps » se transforme alors en l’exploration d’une relation complexe faite de toute une palette de sentiments, qui révèle l’ambiguïté, les compromis voire l’opportunisme et les responsabilités morales qu’une période troublée politiquement peut engendrer. Comprendre un processus chimique sophistiqué ou résoudre une énigme touchant les interactions fondamentales régissant l’univers peuvent parfois se révéler plus simples que décoder les méandres de l’âme humaine !
« Cette pièce me touche particulièrement, dit le metteur en scène. Le texte est très dense, et permet d’avoir beaucoup d’humanité avec de tels acteurs. Nous avons travaillé tout l’aspect émotionnel pour ne pas être dans quelque chose d’informatif, de déclaratif, et sur comment toute cette histoire et tout ce que l’on pouvait dire les reliait à leur histoire à eux deux. »
Cyril Gély ?
Cyril Gély aime les joutes verbales opposant des personnages dans le cadre de situations historiques. Sa première pièce, Signé Dumas (Nouvelle Scène 2004) mettait face à face Alexandre Dumas (Francis Perrin) et son « nègre » Auguste Maquet (Thierry Frémont), puis dans Diplomatie (Nouvelle Scène 2012), le consul suédois Nordling (André Dussolier) tentait de convaincre le Général allemand von Choltitz (Niels Arestrup) d’épargner Paris. Cette saison, c’est de la relation peintre-modèle qu’il est question avec Dans les Yeux de Monet. Par ailleurs, Cyril Gély est l’auteur de huit romans et de plusieurs scénarios.